La variété consommée jusqu’alors en France était la fraise des bois et il fallut attendre l’an 1713 pour que qu’un officier de marine au nom prédestiné, Amédée-François Frézier, découvre une nouvelle variété, aux fruits plus gros, plus parfumés et juteux. Il avait été envoyé un an plus tôt en exploration au large des côtes du littoral occidental d’Amérique du Sud et chargé d’établir des plans des fortifications espagnoles. Cet observateur curieux y repéra un fruit blanc dont il rapporta quelques plants en France : « on cultive des campagnes entières d’une espèce de fraisier différent du nôtre par les feuilles plus arrondies, plus charnues et fort velues. Ses fruits sont ordinairement gros comme une noix, et quelquefois comme un œuf de poule. Ils sont d’un rouge blanchâtre et un peu moins délicats au goût que nos fraises de bois. J’en ai donné quelques pieds à M. de Jussieu pour le Jardin royal, où l’on aura soin de les faire fructifier » rapporte-t-il dans son récit Voyage de la mer du sud. Il en confiera également quelques plants au jardin botanique de Brest…
Croisement entre la « Blanche du Chili » (fragaria chiloensis) et la fraise de Virginie (petite fraise du Québec), l'ancêtre de nos fraisiers non remontant fut implanté quelques années plus tard dans la commune bretonne de Plougastel, où il bénéficia du très favorable climat océanique, proche de son environnement d’origine. Cette nouvelle variété, le fraisier ananas (Fragaria ananassa), est devenu, par sélections successives, la variété à gros fruits que l’on cultive aujourd’hui en Europe. La fortune de la commune finistérienne était faite et une expression-label était née : les Fraises de Plougastel.
Quant à la première fraise remontante, c’est plus d’un siècle plus tard que la variété Saint-Joseph sera créée par l'abbé Thivolet, en 1893...
Depuis, pléthore de variétés ont été créées en collaboration avec l'INRA, favorisant la présence de la fraise du mois de mai jusqu'en août ! Mais n'oublions pas les anciennes et savoureuses fraises... Des conservatoires possèdent une multitude de ces fraisiers qui se sont multipliés les siècles passés, ainsi que des collectionneurs avisés et des pépiniéristes soucieux de sauvegarder la biodiversité et notre patrimoine végétal.